De la pousssière

De la poussière noire, tout va bien.
Des fumées grises, tout ne vas pas si mal.
Tu ne dis plus rien.
Du voile blanc, tout est sous contrôle.
Tu n'as rien fait hier soir.
Les gémissements couvrent le cliquetis des ciseaux..
De la poussière noire étendue sur le plan de travail.
Des fumées grises répandues au-delà du tiroir.
La plaie cicatrisera quand les chairs remonteront
du fond de la casserole.
Du voile blanc, remplacerons nous nos vieilles dents ? 
Tu n'as rien mangé hier soir.
Le crissement des cuillères, le couinement des mâchoires
nécessitent une organisation impeccable
afin de maintenir une propreté parfaite.
La plainte s'arrêtera aux désirs de perfection
quand bien même tout sera exactement
rissolé et braisé aux petits oignons.
Quand bien même leurs chairs roses et délicates
bruniront sous l'effet des chaleurs.
Quand bien même venues du sud
elles emporterons les souffles et les désirs.

Je m'en vais

Je m'en vais mettre mes chaussures et un vieux pantalon.
Je vais m'habiller de cicatrices et de démangeaisons.
Qu'as-tu, avec ton coutelas à vouloir me tailler une veste contre-faite,
à vouloir me chercher des poux dans la tête.
Je vais m'habiller de plaies et de boutons.
Avec la scie égoïne, partageons nous la peau de l'ours,
nous nous vêtirons de gangrène et d'altérations.
Il ne reste plus grand chose, 
les muscles ont fondu,
les os sont brisés,
la cervelle éparpillée.
Il me reste les jambes pour courir,
les mains pour attraper,
le ventre pour gonfler,
mon slip pour me cacher.
Sur ce grand lit, plus un poil, plus un fil, des râles d'agonisants,
les lumières s’allumant, les lumières tentent d'apaiser
ces moments d’éternité évacués les pieds devant,
nous laissant à la merci des évacuations,
un morceau de viande sang sans les nerfs et les tendons,
l'odeur de la putréfaction remontant de la bouche d'égout
dégoulinant.


Faire la liste

Faire la liste,
aérer les casseroles,
limiter l'humidité dans le placard.
Je compte les ronds et les serviettes
J'essuie les taches et les gouttes
Je goutte le fond du ramequin et les bords du fait-tout
Ils n'ont pas besoin de savoir le pourquoi ni le comment,
tout s'est enchainé si rapidement,
dès le premier bouillon et le premier coup de torchon.
Plus sensible la peau de la main sur la surface sensible du plateau,
où ne pousse que quelques rares lichens et autres primitives scolopendre.
Plus sensible, la peau du cou sur le coton doux du manteau,
où ne pend que quelques rares lierres et autre informe épigés.
Reprendre, encore, le fil du jour,accroché entre les éléments, les prises, les lumières. 
Prendre l 'interrupteur et l'escalier à l'envers afin d'apercevoir
derrière le rideau entre-ouvert, les paysages
des hauts, des plats, des creux
avec leurs ruisseaux bouillonnants de bulles,
leurs forêts crépitantes d'épines,
leurs pierrailles grillantes d'éclats.


Trop facile

Trop facile, même à un contre un,
même contre le mur, le dos au mur,
dans le ruisseau un engorgement à la limite du débordement.
Contre le mur, les mains dans le dos,
sur le parapet une obstruction presque étouffante.
Contre le mur, les pieds au bord du vide,
sous la voute céleste un épanchement quasiment sidérant.
Il faut qu'elles respirent le drap tendu, obscurci,
sous le drap tendu, elles respirent.
Il faut qu'elles respirent, elles ne s’inquiètent pas
des danses sur un pied, des sauts sur les mains, des tours sur le dos.
Elles ne s'en inquiètent pas du vide sidéral,
d'où s'échappent les fumées d'alertes,
impossibles à déplacer vers le couchant,
les immenses rayons transperçant l'obscurité pour encore quelques instants.
Sous le drapé, la peau se dévoile transpirante
éteignant les brulures de la nuit, alors que toujours au loin
le feu couve, les braises consument les carapaces,
les petites bêtes courent de trou en trou.

D'énormes

D'énormes quartiers de roches nues Tombés au milieu de la forêt D'énorme quartiers de roches nues Tombés au milieu de la prairie De ...