Nous quittons la terre

Nous quittons la terre, l'eau dans les tuyaux ne s'écoule plus.
Les pattes remplacent les pieds, les pieds ont abandonné la terre.
Tous attendent le temps long, les distances infinies la douleur du vide.
La lumière au plafond, les frais d'expédition, 
n'entament pas l'optimisme général de l’expédition prête à passer du temps confiné
dans ce long vaisseau alimenté par les ondes invisibles de l’énergie cinétique.
Nous voilà réunis, les êtres sans souffle au centre,
les êtres sans esprit au centre,
les êtres sans conscience autour,
les êtres sans être en  périphérie.
La  rotation et l'apesanteur rendent compliqués les bavardages.
Dans ces langues aux salives postillonnées, chacun évite
les mots qui tachent, la transpiration collante,
pour que puisse se faire le grand saut dans l'univers au-delà.
Un jour viendra, la terre se fera à nouveau sentir entre les orteils,
les petites plantes pousseront sur les treillis dans ce jardin d'air et d'eau.
Sur le mur au fond du jardin s'alignent les urnes funéraires.
Quelque uns ont déjà oublié les noms gravés,
quand passent dans l'humidité du soir les corps évanescents.
Oublié les aventures épiques, 
quand passent dans l'obscurité du crépuscule les âmes troublées.
Oublié les faits d'armes,
quand passent  dans l'ombre de la nuit les esprits dérangés.
Je ne m'attend pas à te retrouver après tant de décomposition.


Ca y est


Ça y est, on recommence, depuis le début,
toujours le même problème, que faire ?
Parler derrière la vitre, derrière la vitre, peu d'espace profond,
derrière la vitre la chaleur s'accumule en tas,
les lichens et les pieds d’alouette.
Qui prendra la décision d'arroser,
alors que la rivière est si loin, le puits si profond,
la soif intarissable
Quand tu as dit, de mon vivant, tout se passe sur le dos du chien,
tout se passera sur le dos du chien.
Le long de la voie ferrée, au fond de ces grandes gorges de pierres,
menant dans la roche au delà des ergs, 
dans un sens avance la colonne,
dans un sens va le chien.
Personne ne prend la décision d'arrêter, l'air chaud bloque sous le carreau,
chacun tentant de suivre les pas sans se soucier des pattes trottantes 
et des crocs croquants.
A la fraicheur de la nuit, l'ombre des bêtes s'étend,
celui qui caque des dents respire et attend.
Par dessus son dos les aurochs et les bisons gémissent
entre les hautes herbes, chacun regarde,
le fer est loin, le feu un souvenir.
Tous assis, le dos à la falaise, n'émettant 
que des désirs de poils et de graines.

D'énormes

D'énormes quartiers de roches nues Tombés au milieu de la forêt D'énorme quartiers de roches nues Tombés au milieu de la prairie De ...