Quand viendra !

Quand viendra ! Quand viendra la poussière sur le banc,
la cendre autour des pieds des pommiers,
les traces du passage de l'air entre les tombes
du cimetière derrière les murs du cimetière.
Et le vent, un souffle sans fin.
Et le son du vent, hululement et sifflement.
Et l'infini après le vent, derrière la butte ondulée
des herbes egrainées.
Il fait un peu meilleure, tout ce qui est alimentaire
est ouvert.
L'oiseau est revenu, pourtant son trou bien fermé
semblait bien fermé.
Les moineaux ne quittent plus leurs brindilles,
interdisant les cris et les roucoulements.
D'autres s'en chargent, claquant leurs bras de  bêtes
dans l'air, glissant entre les particules,
ne s’arrêtant que sur le fil tendu d'un poteau suspendu.



Si ce n'est pas fini.
déjà en temps normal, nous n'avons pas envie d'y aller.
J'ai mis une plaque sur quatre boules
et sur la plaque des bêtes à quatre pattes.
Des pattes aux griffes crochues.
Des dents derrière la langue mouillée, humide.
lI n'y a pas trop d'information, c'est la débandade.
Dans la gorge mouillée, humide la langue rappe,
déglutie, laissant couler vers le tuyau
les liquides opaques et épais.
Je laisse ouvert au cas où !
Au cas où on se tordrait le cou.
Les liquides sont ainsi, ils coulent superposant leur épaisseur.
Rien de nouveau, la distance est respectée, le gout est revenu.
Le gout de la couleur et de la moutarde.
Le gout des piquants et du chorizo.
Le gout du vif et de la roquette.



Un filtre doit se nettoyer à chaque fois.
La mise en sécurité, pour bien nettoyer, gratter
à chaque fois, tourner à vide et retourner
en sens inverse.
La machine encrassée, crache un bruit sourd, s'arrête,
s'arrête à nouveau, définitivement.
Un long bois grimpe autour du torse, pénètre
sous la peau, tranche par la couleur
avec la blancheur de la peau rose.
Les os découpés en tranche bouillent
avec les troncs tronçonnés dans le faitout.
Sous les pieds, mes pieds,
sous mes pieds, les restes de repas épars,
les vibrations des engrenages corrodés grinçant
les grains de sables isolés, abandonnés
aux gravelots à collier interrompu.


Ils me diront : tu ne travailles plus !
Je me remets à travailler.
Poser, superposer, porter, supporter
J'attends des bocaux immobiles un imperceptible déplacement,
des torchons éparpillés sur la table essuyée un léger mouvement.
J'attends de l'eau qui bouille  une chaleur signifiante.
J'attends des odeurs de l'eau évaporée
qu'elles descendent des poutres vers les chaises rangées en rang
sous la table essuyée.
Entre chaque mouvement, quand les images s'écartent :
accélération.
Entre chaque mouvement quand les images se rapprochent :
décélération.
Combien tu dis ?
Je n'ai rien dis !
A travers les tissus respirés, la buée se dépose sur les yeux embués,
hors de question de s'essuyer
même avec un mouchoir en papier.
Que fais tu ?
Je ne travaille pas,
je remplis des sacs de goudron,
je passe des câbles dans la terre,
je découpe une cuisse de poulet plumé,
je déplace des mots insignifiants
d'une ligne à la ligne.


J'étouffe, obligé, c'est l'heure de la sortie.
Dés que quelqu'un arrive, l'espace s’agrandit,
ma lourdeur envahie la peau et sous la peau
la chair s'épaissit. J'emporte avec moi des jambes.
Que vais en faire?
Trainer lentement entre les pas des portes fermées,
ouvertes, traversées de courant d'air ; traverser en travers
le gué de l'épine et à mi-mollet toucher du bout du pied
la tangue à peine séchée.
J'emporte avec moi mes bras ballants, les coudes pliés,
j'échange un doigt contre un pouce,
une paume contre un poignet dans un sac hermétiquement clos
à l'abri du vent du nord projetant des embruns et des algues brunes
par dessus la dune, les oyats, les pins, les parasols.
Elle est opérationnelle, même sans avoir l'habitude,
entre les deux le transfert se fera, la transmission sans doute pas,
c'est toujours une histoire à repenser pour ressortir,
le pendu déposé, la langue bien pendue,
les jambes pendus à son cou.

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