A l'abri


A l'abri, repoussant une toux sèche venue de l'intérieur,
d'un boyau tordu s'échappe difficilement un tas boueux.
La douleur, toujours la douleur, utiliser les outils
pour trouver une solution à la douleur.
Tordre le cou, pour apercevoir, je me tord le cou,
mon ventre se tord, tout en bas vers la sortie.
Personne ne sort, vous n'avez pas le droit.
C'est un spectacle qui avait bien marché,
ils ont parlé de choses jamais vu, pour certaine
jamais sortie et quand  ils les ont vus enfin du début
à la fin, la sidération fut-elle que les têtes
tombèrent dans le sceau au pied du comptoir,
la langue entre les dents, les dents dans la bouche,
la tête, la gorge tranchée. Un trou béant
où plonge une masse visqueuse, collant
les doigts aux surfaces désintoxiquées.
Il faut l'arrêter, toutes ces choses futiles,
faut-il les arrêter ? Des têtes vont tomber,
des ventres étriper, pourtant d'ici je n'entends rien.
Je serai curieux qu'avec mes yeux
les orbites ne tournent plus rond.


Je ne suis pas allé dehors. Les sifflements s'échappent
par les interstices des portes fermées, la clé dans la serrure,
le pas de la porte bloqué, les pieds suspendus.
Toute la journée devant l'image,
lécher de soupirs perdus, grignoter des vérités
énoncées magistralement
quand alors dehors derrière la haie
la pierre n'a pas bougé.
Rien n'a bougé, l'herbe entre les pierres,
les racines sous les pierres, les branches sur les pierres,
je n'ai pas bougé,quand bien même la chaleur
et le vent me pousse.
Les corps allongés sur le ventre sous un pale  tissus,
entre des chariots remplis de pomme de terre, remplissent
les trous creusés, une pelle dans chaque main, des bottes
aux pieds pendus pas les pieds.
Mais quelle misère ! J'ai besoin de chaleur, d'un peu de pluie,
nous risquons d'en pâtir. Nous allons partir.

Cent millions sont arrivés par dessus.
La capacité à produire est dépassée, tellement dépassée.
Elle parait tellement loin, d'ici on ne voit rien,
elle parait tellement inutile, d'où nous sommes,
dans le ventre, entre deux monticules.
A pars ressentir juste le matin et un peu le soir
le souffle du couteau, tu ne seras pas soigné.
La plateforme est investie dans l'urgence,
inutile de créer pour dix ans, demain, déjà, peut-être,
l'urgence est si proche, testée ce matin en direct
elle semble efficace.
Plus rien ne pousse, que peuvent ils dire,
plus rien n'est dit, que peuvent ils chercher ?
Je vais planter avec une pelle tranchante,
tailler avec une lame tranchante, les bêtes s'enfuient
cherchant une grotte opaque, grattant les mousses touffues,
griffant les écorces en lambeaux de viande écorchées.
Nous faisons le tour du chemin en quête d'un fruit,
nous appelons lili et mimi, nous cuisons des lardons
dans un eau propice à la cuisson.
Nous nous mangeons le pouce, la fesse, la cuisse,
la langue qui s'amuse avec les mots
et les maux mal venus.

Il faut faire cela, je ne peux plus m'agenouiller,
les os et les articulations, même ma vue faiblit.
J'articule moins bien les mots entre les mots.
Il faut sans faute se mettre en mouvement,
piétiner les pierres enterrées, éviter les herbes
et les bulbes gonflés par l'humidité tombant
chaque matin après les premiers  sons de l'Angélus.
Il est sept heures, il est midi, il est dix-neuf heures.
 Malgré les contrôles incessants,
les aides à la respiration,
les couts de bâton dans les cotes,
ils n'ont pas cessé de cueillir dans les lierres
les baies sucrées, dans les pieds de ravenelles
les graines ocre orangées, d'arracher des murs
les ruines et les désespoirs.
Sans te blesser, tu vas être obligé d'en retrouver un,
le premier est sec, son sang séché.
Le moteur à courant continu, continu,
vibrant, grinçant, circulant le fluide d'une poche
à une plaie pleine de pus.
Je n'en peux plus.


Des pieds dans l'herbe prés des pierres volées,
plus loin, en haut, là où l'eau roule et charrie
des algues brunes arrachées aux rochers venus
du fond du fond des bassines et des bidons.
Un grincement écoute
une vibration sent
Une circulation expire
Les revoilà, les animaux ailés
avec leur bec et leurs dents, leur bec grince
et claque, leurs dents mordillent et crissent.
Retourne dans ton trou, dans ta caverne,
cache ta peau avec des peaux d'animaux poilus,
crache tes immondes du fond du fond
de ta respiration, trace des signes
sur ta bouche cousue, coud toi un manteau
de morve sur ton souffle court.
Reprends ta respiration, souffle, inspire.
Que peux bien t'inspirer les promesses de pluies,
un merle piquant un ver dans le massif d'orlayas
et le claquement d'une fenêtre entrouverte.

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