Les os

Les os n'ont pas percé sous la peau
Les boyaux n'ont pas grogné sous la peau
Je suis soulagé
Une croute se détache de la peau
Un liquide épais suinte de la peau
Je suis soulagé
Une plaque est apparue sur la peau
Une plaie s’est ouverte sur la peau
Je suis soulagé
La situation traduit une nette amélioration
Certain vont mieux

C'est un monde

C'est un monde de plaines courbes
C'est un monde d'abris sous roches
C'est un monde d'écorces odorantes
Aussi loin que le regard porte brillent les feux
Aussi loin que le regard porte ondulent les champs
Aussi loin que le regard porte courent les lucioles
Sous les pas s'évapore l'humidité
Sous les pas pénètre la terre
Sous les pas glisse l'herbe
Un endroit merveilleux

Tu rêve

Tu rêves ! Voilà le mauvais temps
Surgira l'eau et le vent
Tu rêves ! Voilà le mauvais temps
Les allongés toujours allongés
Tu rêves ! Voilà le mauvais temps
Sont tombés les murs de pierres
Tu rêves ! Voilà le mauvais temps
Le coup ne fut pas si fort
Tu rêves ! Voilà le mauvais temps
Sous les cendres et les remblais
Tu rêves ! Voilà le mauvais temps
Au contact des missiles à moyenne portée

Au-delà

Au-delà des statues
Une pointe dans l’œil
Au-delà des statues
Nous avons parcourus les sentiers
Au-delà des statues
Attentifs aux ombres entre les troncs
Au-delà des statues
Il est temps d'allonger les jambes
Au-delà des statues
Quand le blanc des pierres disparaît sous le lierre
Au-delà des statues
Je savais qu'il ne fallait pas y aller

Je vois

Je vois ce que tu veux
Sucer
Je vois ce que tu veux
Mordiller
Je vois ce que tu veux
Mâchouiller

Des miettes de pains détrempées
Des gouttes de salives bavées
Des bouts de plastiques siliconés

Au sud

Au sud les jambes pendues aux poutres
se détacheront
Au nord les bras accrochés aux plafonds
se briseront
A l'ouest les ventres collés aux linteaux
s'écraseront
A l'est les têtes cloutées aux voûtes
se fracasseront

Tu te retrouves

Tu te retrouves avec au loin des aurores
Tu te retrouves avec quelques chips de betterave
Tu te retrouves avec du temps perdu
Tu trouves sous la pierre la trace des pierres
Tu trouves sous tes pas la trace des pas
Tu trouves sous l'eau la trace de l'eau

Mais il y a des peaux étalées
Mais il y a des transpirations suant
Mais il y a des racines de feuilles
Mais il y a des intestins tordus en état
Mais il y a des tréteaux suspendus
Mais il y a des morceaux sacrifiés vidés
Mais il y a des pieds entassés en tas
Mais il y a des pavés lavés débordés
Mail il y a des processions montant au calvaire